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Discours d'ouverture de Monseigneur Germain 2013


70ème anniversaire de l’Institut

Voici que nous fêtons aujourd’hui, les 70 ans de l’Institut. Nous n’avons pas fêté les 69, les 68, les 67… ans. Alors ! pourquoi 70 ?

La question se pose.

Je me souviens que lorsque nous avions fêté le jubilé de l’Institut, c’est-à-dire ses 25 ans. Gabriel Marcel, notre administrateur à l'époque, était présent et, très simplement, il dit à tout le monde : « Vous savez, je viens chez vous en tant qu’administrateur. Si j’étais plus jeune, je deviendrais orthodoxe… Mais maintenant, je suis âgé… »

D’autres, que j’ai eu l’occasion de rencontrer, lors de conférences ou de réunions à caractère œcuménique, philosophique… l'ont « suivi ». Je pense en particulier à Graf Durkheim. Il m’avait dit, également, un jour : « Vous savez, si j’étais plus jeune, je deviendrais orthodoxe. »

J’ai aussi rencontré un groupe de protestants à Stuttgart. L’un d’entre eux venait à Paris de temps en temps… « Vous savez, si j’étais plus jeune, je deviendrais orthodoxe. »

D'où vient cette antienne ? Pour devenir orthodoxe, que faut-il ?

Dans la tradition de l’église orthodoxe on invoque perpétuellement l’Esprit-Saint. Il est de temps en temps présent. Il renouvelle tout ce qu’Il touche et Il habite la création. Quelle est la caractéristique de la vie ? Par l'Esprit de Dieu elle est toujours nouvelle… Et pourtant elle transporte des choses anciennes.

Si nous fêtons ainsi ces 70 ans, il m’a semblé que cette date était inspirée par l’Esprit-Saint.

Nos ancêtres, ceux du IVe, Ve, VIe siècle, en particulier les deux saints Germain, aimaient le chiffre 7.

La fraction du pain, dans le rite liturgique oriental se fait d’abord en 4 parties. Dans les liturgies de l’ancienne Gaule, la fraction première se faisait en 7 parties… Nous ne le faisons pas parce que nous souhaitons garder une certaine communion avec les Orientaux, mais, en fait, on pourrait adopter cette manière.

D’autre part, notre saint patron, saint Denys, a donné un traité des hiérarchies célestes. Le saint patron de la cathédrale, saint Irénée, lui aussi parle des anges. Tous deux disent qu’il y a 7 hiérarchies angéliques essentielles. On peut considérer l'existence de 7 hiérarchies mais en réalité il y en a 9. La septième hiérarchie, en effet, est tellement lumineuse qu’on ne peut la pénétrer et que les trois trois cercles qu'elle contient, les trônes, les chérubins et les séraphins, semblent ne former qu’une seule hiérarchie.

Nous voici à nouveau avec le chiffre 7 et avec 7 hiérarchies angéliques. Dans l'une de ses épîtres, l’apôtre Paul assure que les anges sont les tuteurs de l’univers. Toutes les lois sont maintenues ou structurées par le monde angélique qui est, lui, lié au nombre 7. Avez-vous déjà ouvert l’Apocalypse ? Partout, dans ce livre, la révélation angélique paraît au sein du monde visible et elle s'articule autour de ce chiffre 7. Le monde angélique est articulé sur cette base. Comme nous structurons notre Institut sous la gouverne de nos saints patrons Denys et Irénée… il semble ainsi normal et imposé de considérer le nombre 70.


Il y a 70 ans, justement, le Père Eugraph rentrait d’Allemagne. Il écrivait à Yvonne Winnaert presque toutes les semaines et lui disait : « Soyez fidèle à la refondation de l’ancienne église orthodoxe du lieu et recherchez s’il y a quelqu’un de digne pour en prendre la tête. »

Il cherchait cette tête, évidemment, mais ne pensait pas à lui même. Il était un homme humble. Rentré de captivité - la guerre n’était pas encore finie - il fait sept pèlerinages dans des sanctuaires mariaux pour la refondation de l’église orthodoxe.

Il songeait, en même temps, qu’il serait fondamental d'avoir un lieu où on l'enseigne la révélation apportée et transmise par les Pères de l’église. Il le souhaitait en parallèle et distinctement d’avec l’Institut Saint-Serge créé pour les orthodoxes russes essentiellement. Il considérait que la même structure devait présider à cette institution mais sur un mode différent. Il fallait un institut pour les Français et un autre pour les Russes. Les premiers professeurs, venus enseigner dans notre Institut, étaient pour la plupart des enseignants de l’Institut Saint-Serge.

L’évêque Jean disait aussi : « Quel est le grand pédagogue des chrétiens ? La divine liturgie. Il n’y a pas mieux. Cependant, Dieu a donné aux hommes non seulement un cœur mais aussi une intelligence. Il convient que cette intelligence travaille, et elle peut travailler par le mode de l’enseignement intellectuel qui l’éveille. »

Il disait que l'enseignement scolaire et universitaire est un pis-aller mais un pis-aller qui peut communiquer une certaine révélation.

Alors vous le voyez : nous sommes depuis 70 ans un « pis-aller actif ». Il a son utilité.

Terminons cet exorde.

Il y avait un homme qui s’appelait Gérard Cordonnier, un mathématicien génial. Il faisait partie de la multitude des relations de Monseigneur Jean - il fréquentait pratiquement tous les milieux possibles et imaginables. Attaché au Père Eugraph, il lui avait demandé de faire des commentaires sur les traités des Hiérarchies célestes et des Noms divins de saint Denys l’Aréopagite.

Et l’Institut commença par l’exégèse de ces oeuvres. à ceci sont venues se greffer toutes les caractères d’un institut d’enseignement.

Gérard Cordonnier a été, en fait, un de ceux qui aidèrent Monseigneur Jean à devenir celui qui distille la rosée de la révélation patristique.

Un tout dernier avis. J’entends souvent dire que nous participons à l’œuvre de Monseigneur Jean, que l’église est l’œuvre de Monseigneur Jean ! Il ne s’agit pas du tout de cela. C’est totalement faux. Monseigneur Jean était un serviteur de l’église. Nous pouvons peut-être considérer qu’il est un « refondateur » d’une église. Mais elle n’est pas son œuvre. L’église est une œuvre commune qui remonte au Christ. Et dans cette lignée, il se trouve que nous existons.



Hubert Ordronneau, doyen de l'Institut -
ouverture de la journée


Monseigneur Germain, recteur de l'Institut -
allocution




Christian Bange - aspirations et volonté du fondateur de l'Institut Saint-Denys en 1944



Iégor Reznikov, administrateur de l'Institut - de l'utilité d'un Institut de théologie orthodoxe français aujourd'hui



Père Jean-Louis Guillaud, professeur à l'Institut - exposé sur Léonid Ouspensky



Jacques d'Arès, Diacre, exposé sur Marie-Madeleine Davy



Monseigneur Germain, recteur de l'Institut, commentaires sur le sens et la fonction d'un évangéliaire